Et si on changeait le monde ?
2121/02/2014 par Thomas Fiera
Depuis quelques jours des êtres humains meurent à Kiev.
Des gentils, des méchants ? Des membres d’un complot pro russe ? Ou des naïfs manipulés par la CIA ?
Que m’importe ! Ils sont humains. Ils sont morts. Et cela me suffit à être indigné, attristé, révolté.
Je me fous de savoir qui a tort ou raison. Je me fous des analyses savantes de tel ou tel ukrainologue autoproclamé qui va toiser d’un air méprisant les « humanistes bêlants » tels que moi qui, décidément, s’obstinent à ne rien comprendre à la marche du monde.
J’emmerde la raison et les raisonneurs. J’emmerde les « supposés sachants » donneurs de leçon. J’emmerde les sources autorisées qui s’autorisent à penser à ma place depuis cinquante ans et qui Freudien, Marxiste ou ultralibéraux ont décidé, bardés d’outrecuidance et de certitude, que l’humanisme n’était qu’une vaste sottise et que le cynisme, le pragmatisme et le pessimisme étaient les seules grilles de lecture possibles.
Est-ce que par hasard cette bande de pisse froid nous prendrait pour des cons ?
Oui.
Et plutôt deux fois qu’une.
Pour des cons. Des naïfs. Des gogos. De doux rêveurs bavotants. Des agneaux promis au sacrifice. Des imbéciles indécrottables que l’on ne saurait inviter à la table des puissants et des gens comme il faut.
L’humanisme est de l’angélisme ont-ils proclamé ! Tirez le rideau, fin de l’acte, on passe à autre chose.
Mais je ne suis pas d’accord.
Je n’autorise pas ces Diafoirus et ces mange-merde à déclarer à ma place, ce qu’est ou ne serait pas ma pensée.
Non, l’humanisme n’est pas de l’angélisme.
Non, nous n’avons pas forcément une vision idéalisée de l’humanité.
Non, nous ne rêvons pas d’un monde où l’on paierait sa place dans le bus en faisant un bisou au conducteur.
Cessez de faire injure à mon intelligence, qui est vaste, en me prêtant vos idées, qui sont étroites.
Encore une fois, sachez-le, messieurs les « réalistes » : je vous emmerde. Et si vous couriez aussi vite que je vous emmerde, vous seriez arrivés avant même que d’être partis.
L’humanité est comme une flamme : elle peut brûler comme elle peut réchauffer ; elle peut détruire comme elle peut éclairer ; elle peut s’éteindre en sifflant comme elle peut offrir un guide dans la nuit profonde.
L’homme n’a pas renoncé à utiliser le feu au prétexte qu’il pouvait lui brûler les doigts : il a appris à faire attention.
S’il serait ridicule de l’angéliser, nous ne devons pas diaboliser notre humanité au prétexte qu’elle contient des zones d’ombre, des contradictions et une évidente capacité au Mal. Nous avons tous au cours de nos vies accompli des actes dont nous ne sommes pas fiers. Cela ne fait pas forcément de nous des salauds. Nous avons tous eu des gestes nobles, beaux, désintéressés et cela ne fait pas de nous des anges.
Comme nos ancêtres avec le feu, nous devons apprendre à faire attention.
L’Attention.
Tout est là.
Porter Attention : écouter, entendre, regarder, prendre en compte.
Faire Attention : ne pas être brutal, sauvage, maltraitant.
Nous vivons une terrible crise de l’Attention. Nous sommes pressés, egocentriques, sourds, cyniques, ricanants, brutaux, impatients, sourds, sourds, sourds…
L’Autre est un danger, l’Autre nous ennuie, l’Autre nous fait rire quand il tombe, se blesse, se fait mal.
C’est comme si le monde n’était plus qu’un vaste film burlesque offert en pâture à un public sadique se gaussant des milles-et-une gamelles que se prend l’Humanité.
Je suis fatigué de rire de tout. Je suis fatigué de la méchanceté facile, du cynisme de salon et des poses de dandy à deux balles.
Je suis fatigué de pleurer pour rien. Je suis fatigué de l’émotion à fleur de peau, du sentimentalisme larmoyant et de la mauvaise conscience à peu de frais.
Il est temps, grand temps même, d’agir et de changer le monde.
Cela suffit.
Le pouvoir est depuis trop longtemps entre de mauvaises mains, car les propriétaires de ces mains ont eu le culot d’agir, de s’organiser, de s’imposer. Pendant ce temps, que faisaient les humanistes ? Isolés, déprimés, ils tournicotaient dans leurs salons respectifs, s’arrachant les cheveux en répétant : mon dieu, mon dieu, mon dieu comme ils sont méchants !
Il est temps de lancer le vaste complot des humanistes et d’en finir avec ce merdier apocalyptique que l’on essaye de nous vendre comme inéluctable.
Comment s’y prendre ? Je n’en ai foutrement pas la moindre idée. Et c’est tant mieux.
Nos idées sont vieilles, foutues, périmées, usagées, nases, branques, mortes. A la poubelle !
Rien n’a marché.
Rien n’a fonctionné.
Inventons.
Je ne suis qu’un écrivaillon, un philosophe à deux balles, un penseur microscopique.
Comme vous. Et vous. Et vous là, au fond, caché derrière la colonne.
Mais toutes ces pensées microscopiques mises bout à bout nous donneront le levier que réclamait Archimède pour soulever le monde.
Et toc !
Bonjour,
« Comme vous. Et vous. Et vous là, au fond, caché derrière la colonne. »
Je vous arrête tout de suite. Je ne suis pas caché derrière la colonne, je SUIS la colonne. Comme le reste de l’humanité, transformée en meuble. Nous sommes tous des meubles, ou des colonnes…
Les meubles réfléchissent-ils? Euh…je ne crois pas. Quoique! J’ai appris que les bananes pouvaient être stressées; si si, c’est l’Europe qui le dit…
Cependant, si les objets inanimés sont dénués de réflexion – mis à part les miroirs, bien entendu – ils leur arrivent de prendre un certains plaisir à changer de place durant la nuit (en général, mais ils le font quelques fois le jour, tout dépend de la lucidité du passant), infligeant ainsi une douleur cuisante au dormeur s’étant levé afin de soulager une envie pressante due aux quantités déraisonnables d’alcool ingurgité.
Soyons donc des meubles, et écrasons consciencieusement les orteils des pseudo-humanistes télégéniques…
« Mais toutes ces pensées microscopiques mises bout à bout… »
Certes, certes. Mais encore faudrait-il pouvoir rassembler ces pensées microscopiques. Fédérer toutes ces bonnes âmes suppose un leader. Qui pour endosser une telle charge? Il faudrait quelqu’un capable de plaire à la fois aux hommes, et aux femmes. Quelqu’un qui puisse faire rêver les hommes et s’extasier les femmes. Et quoi de mieux qu’un miroir?
Chaque hommes et chaque femmes prendront plus d’assurance lorsqu’ils s’apercevront qu’ils sont des leaders en puissances. Chacun d’entre eux à la même potentiel que l’un des quelconques dirigeants d’un quelconque pays…
CQFD…Enfin, il me semble…
Nous devons, individuellement, nous autoriser à… La liberté commence là. En effet.
Enfin je crois. 😉
La liberté de culte, la liberté de penser, la liberté d’opinions, la liberté, la liberté, la liberté…
Je ne sais pas si il existe un mot qui est aussi mal employé. Plus on est libre, moins on en profite.
Je pense, Thomas alias JB que tu agis en écrivant, et sans doute tout autant tes romans que tes chroniques.
« Je ne suis qu’un écrivaillon, un philosophe à deux balles, un penseur microscopique. »
Tu connais la force du microscopique, non ? Quand la bactérie ou le virus s’emparent de ta peau et de tout ce qu’elle contient tant bien que mal ( un coeur et des tripes, c’est déjà pas mal ) ? Ben oui, le microscopique en plus peut se répandre insidieusement de corps en corps et en l’occurrence de cerveau en cerveau. Et toi, tu fais l’agent de transmission,tu inocules. Alors ? Moi je crois que quand tu grognes comme un féroce contre les cons, quand tu met la belle langue verte et drue entre les lèvres de tes personnages, eh bien tu agis.
Thomas Fiera ! Le virus de la mort qui tue les cons !!!!
Hi hi !!
Ben ouais ! En tous cas, y en a que tu dois rendre bien malades !
« Le pouvoir est depuis trop longtemps entre de mauvaises mains… » écrivez-vous justement. Hélas, je crois que jamais il ne sera entre de bonnes mains… tant que ces mains seront celles des hommes.
Je crois que c’est vrai, hélas…
Hum. Le problème c’est que ce sont les seules disponibles sauf à donner le pouvoir aux ratons laveurs ou aux pipistrelles ce qui, je l’avoue, n’entrait pas dans mes plans… 😉
Faudra faire avec !
« Faudra faire avec! » C’est exactement ce que je n’ai pas pris le temps d’écrire en conclusion de mon commentaire. « Hélas » en faisait fonction d’une certaine manière.
Finalement, ce qui nous différencie tient au degré d’espérance que nous mettons chacun dans le regard identique que nous portons sur le monde des humains. Plus l’espérance est grande, plus grande est la colère! Les vôtres sont immenses tandis que les miennes s’éteignent de jour en jour. L’âge, dit-on, amène avec lui sa part de sagesse… ou de lassitude et de résignation.
En ce qui me concerne l’âge me fait rajeunir. À 20 ans j’étais cynique et blasé et à 50 passés je suis optimiste et plein de révolte. Je vais faire de l’acné tardif ! ;-)))
Attendez encore quelques années, quand nous ne pourrons plus évoquer ensemble, ni ce sujet, ni aucun autre, votre interlocuteur mis hors jeu. Peut-être alors sera-ce votre clavier qui transmettra mes mots… L’âge a souvent raison des meilleurs d’entre nous.
J’aime j’aime j’aime sans modération et vous avez raison (Thomas et JB ) , nous ne portons plus attention aux autres, nous sommes dans un système terriblement individualiste et égoïste, où chacun prône la solidarité , mais sans bouger le cul de son fauteuil, ce qui fait le jeu de tous les politiques, quels qu’ils soient: Notre incapacité a nous rassembler, pour changer tout ça et vite, est l’un des éléments sur lequel ils surfent tous sans vergogne ….
Désabusée je suis, mais malgré tout ,je tente de garder quelques espoirs, sinon à quoi sert de poursuivre cette quête du bonheur, du mieux-être, de la vie que chacun de nous est en droit de réver, mais surtout de concrétiser. Croyons encore en un réveil salvateur des consciences, ce coup de pied qui aurait sauvé la grenouille de l’eau qui chauffait si doucement, et qui la tua…
Merci pour tes mots si incroyablement justes !
Merci.
Beaucoup.
Et j’aime bien l’image de la grenouille cuisant à petit feu.
Je ne connais pas.
Cela vient d’une fable ??? J’adore les fables.
Oui, terriblement bien vu ! je te mets le lien youtube, vas voir et dis moi ce que tu en penses, moi j’adore ….http://youtu.be/nI6amIyTVi4
Ben moi, je propose une p’tite chanson ( texte sous la vidéo )
merci pour la chanson… elle devrait plaire à Thomas et à toute sa bande…
j’espère !
Et même deux ( voir la playlist )
[…] Si j’ai osé écrire ce blogue qui restait coincé dans ma tête, c’est grâce à ce texte Et si on changeait le monde ? Le blog acide de Thomas Fiera. Je vous remercie JB […]
Je ne peux que vous dire merci. Tout le reste ne serait que verbiage.