Un polar casher !
107/05/2017 par Thomas Fiera
Vous qui me connaissez un peu, vous savez bien que mes enquêtes m’entraînent souvent dans des coins plutôt bizarres, souvent risqués et que les méchants qui me tombent sous la griffe se contentent rarement de piller le tronc des pauvres ou de piquer à l’étalage.
Sans vouloir frimer – ce n’est pas du tout mon genre – et jouer le hâbleur, il n’y a pas grand chose qui me fasse peur et mes aventures relevées au Tabasco sont la pour le prouver.
Mais là, je dois dire : bluffé je fus !
C’est que faire partie de la police criminelle entre Jérusalem, Tel Aviv et les territoires occupés ça place la barre très haut niveau emmerdes, embrouilles et terrain miné. A côté de Danny et Guy, les deux héros de Pierre Pouchairet, j’ai un peu l’impression de jouer en division poussin.
Je les avais déjà croisés dans un premier roman intitulé « Une terre pas si sainte » et je viens de les retrouver dans l’excellent « A l’ombre des patriarches » et si le premier m’avait plu, le second m’a enthousiasmé.
C’est d’abord un excellent polar, emmené par un duo sympathique de flics israéliens d’origine française qui tentent de faire honnêtement leur boulot dans un environnement qui est une véritable poudrière militaire, politique et diplomatique.
C’est aussi une passionnante plongée dans un univers totalement incroyable où la folie a pris le pas sur la raison, le fanatisme sur le bon sens et où les simples humains sont broyés par la haine et la rancœur.
Mais je dois dire que ce qui m’a le plus impressionné dans ce roman c’est qu’il réussit à décrire l’effroyable complexité de la situation sans tomber ni dans le parti pris, ni a contrario dans une espèce d’angélisme bien pensant qui renverrait tout le monde dos à dos.
« A l’ombre des Patriarches » est un roman humaniste mais sans mièvrerie aucune et qui ne prétend pas donner de leçons ou de solutions toute faite. Il est plein d’une immense compassion pour ceux qui sont toujours les victimes du fanatisme : les gens !
Ceci étant, Pierre Pierre Pouchairet sait de quoi il parle. Ce n’est pas un polardeux germanopratin qui décrit du serial killer au kilomètre mais tournerait de l’œil devant une goutte de sang. Sous son air bien paisible et vaguement ironique, c’est un vrai baroudeur, un ex flic qui, histoire de ne pas s’ennuyer, a passé une bonne partie de sa carrière dans des endroits paisibles : Afghanistan, Israël, Liban… Il sait un peu de quoi il cause quoi !
Et malgré ça, ses romans ne sont pas des romans de flic. Vous voyez le genre : les trucs un peu réacs et sans nuances qui étalent complaisamment des idées qui feraient passer Le Pen pour un dangereux gauchiste… Non, les romans de Pierre Pouchairet sont des romans d’écrivain et d’un fichu bon écrivain de surcroit.
Purée ! Après avoir dit du bien d’un ancien gendarme, voilà que je chante les louanges d’un ancien flic. Il faut que je consulte !
Merci ma pile à lire s’allonge